LE CARACTÈRE
Alors moi… Moi ! On me dit souvent une insupportable. J’ai rarement de problèmes pour me faire des potos, parce que malgré mes « petits » défauts, je passe pour une femme au fort caractère plutôt que pour une chieuse. Les gens m’aiment pas pour ma sincérité. Parce qu’avec moi, y’a pas un poil de cul qui dépasse : je suis franche, je dis clairement ce que je pense. Après, faut relativiser, je ne manque pas non plus de tact. Si je dis ce qui me passe par la tête –bon bah tout parce que c’est un peu la merde là-haut, ces derniers temps on est douze on se marche un peu sur les pieds !- je ne sors pas non plus ce que j’ai à dire comme on sort une bierre du frigo. Je sais envelopper mes paroles de papier cadeau, même si ce sont des mini-bombes.
Je suis quelqu’un d’assez bavard : tout le monde pense que je raconte ma vie, que je n’ai pas de secrets, mais c’est bien entendu le contraire. ‘Pas parce que je déblatère des dizaines de mots à la suite que vous en apprenez énormément sur moi. Par exemple, ca fait deux cents mots que je vous baratine et vous savez juste que je suis sincère et bavarde. J’aurais pu vous le dire en deux mots comme je viens de le faire, mais non, je dois me perdre dans d’immenses phrases qui perdent parfois tout le sens une fois arrivés à la fin… Bref, vous me suivez ?

Alors je vis dans mon petit monde. Je suis bien évidemment la princesse de ce petit monde, je contrôle mes serviteurs et personne ne me marche sur les pieds. Ce n’est pas parce que je suis reine dans mon monde à moi –que y’a des poneys, des licornes et des rhinocéros enchantés- que je le suis forcément dans la vraie vie. Je tiens simplement à dire que si vous essayez de me rabaisser, vous ferez face à une armure de pierre en face de vous. Les gens crachent bien assez sur moi pour que je ne m’appitoie encore un peu plus sur mon sort. Je vous en laisse le soin.
Je sais que le monde est hypocrite, les gens le sont, et j’ai peur de ce trait de caractère. Je ne supporte pas lorsque l’on joue double-jeu avec moi, et je suis une paranoïaque. J’ai besoin d’affection, d’attention, que les gens prouvent qu’ils sont attachés à moi. Je suis une grande égoïste qui, même si elle sait faire plaisir aux autres, est d’abord centrée sur elle-même. Je ne m’attache que très rarement aux gens, mais lorque c’est fait, c’est pour la vie.
Voyez : je déteste ma famille, mais je pourrais donner ma vie pour un voisin, tant que nous créons des liens. Triste, mais comme ca.

J’ai un humour de merde et je l’assume, je suis vulgaire et je perds tout le temps mes affaires. Je ne supporte pas lorsque l’on me pique la place –j’aime être au centre de l’attention !- mais je n’hésite pas à le faire. Je sais parfaitement mentir et la solitude ne me fait pas peur. Vaut mieux être seul que mal accompagné, pas vrai ? J’aime m’amuser, même si je ne suis pas quelqu’un de très fou ou drôle au fond. Je sais que les gens ont tendance à s’ennuyer avec moi, mais moi j’en suis bien incapable. Débrouillarde et passionnée, je trouve constamment quelque chose à faire.
Optimiste, j’ai rarement le moral dans les chaussettes, et pourtant je suis une grosse quiche pour remonter celui des autres. J’aime réconforter les gens, leur faire comprendre que je suis là pour eux, mais pas de crises de larmes ou de dépression, je vous en prie ! Parce que je suis incapable de gérer ca. J’aime savoir que les gens peuvent compter sur moi, ainsi que l’inverse. Même si je préfère faire cavalier seul dans bon nombre de situations, savoir que l’on est épaulé par quelqu’un peut relativement souvent vous sauver la mise.

Si la pluie a changé beaucoup de choses dans ma vie, elle n’a en aucun cas changé la personne que je suis. Si j’ai un putain de pouvoir aujourd’hui –assez inutile d’ailleurs- cela ne change pas du tout ma personnalité, celle que je suis ou qui je rêve d’être. Je suis quelqu’un d’assez ambitieux, de déterminer et qui lâche rarement le morceau. Certains me disent téméraires voire têtue. Le suis-je ? Certainement, oui.
Mais je suis aussi quelqu’un qui jalouse très facilement et malgré ma grande gueule, je ne suis pas très sûre de moi, des mes capacités et de mes chances de réussite. Il faut tout le temps quelqu’un pour me pousser vers l’avant, pour m’inciter à me dépasser et faire de mon mieux dans tous les domaines.

L'HISTOIRE
« - Tu me gonfles. Tu me soules. Tu me gaves. Tu m’énerves. Tu m’horripiles. Tu me débectes. Tu me fais gerber. Tu m’emmerdes, TU VEUX D’AUTRES SYNONYMES CONNARD ? »

Je claque la porte. Je sors lentement de l’appartemment qui avait été mon refuge si souvent… Je sors, laisse le vent frais rouler le long de ma peau et sors un cancer en tube que je grille et que je porte à mes lèvres. Je me laisse glisser contre la porte d’entrée, alors que les premières gouttes s’écrasent sur le sol. Les nuages pleurent en rythme avec moi, m’aspergeant d’eau pour noyer mes larmes. J’ai rompu. J’ai rompu et trop attristée, je deviens un monstre sans m’en rendre compte.

Un monstre ? Aujourd’hui, je ne me considère plus comme tel. Si j’ai parfois quelques sautes d’humeur en rapport avec mon nouveau pouvoir, je le considère plus comme un cadeau de Dieu –ou quelle que soit l’enfoiré qui dirige ce monde. J’ai toujours cru être dans un jeu de sims, avec quelqu’un pour nous guider dans nos choix. Vous savez, ce que l’on appelle instinct ? Eh bien ce serait cette main qui nous guide. Nous ne serions que des pantins dans une boîte, télécommandées par un gamer.
Mais je m’égare. Je venais donc de rompre avec mon copain lorsque cette foutue pluie nous est tombée dessus. Si la conversation n’avait pas dérapée, si je ne m’étais pas énervée et si notre couple avait tenu, je n’en serais pas là aujourd’hui. Mais est-ce que mes pouvoirs ont vraimen influencé le cours de ma vie ? Nan. Nan, je ne pense pas nan.
Je suis toujours cette même étudiante en journalisme, toujours cette célibataire aguerie accompagnée de Crumble son chien, Aka son chien et Poulpe son poisson, vivant dans un douze mètres carrés miteux et bossant au Red Horse pour survivre. Mouais, à part pouvoir sortir mon chien exclusivement quand il en avait envie, ce pouvoir de merde ne m’apportait pas grand-chose. C’était assez marrant de suivre les pensées d’un autre être, se laisser porter et glisser dans ses ressentiments, que ce soit un animal ou non. Je ne parle pas pour mon chien, ce con, mais j’avais trouvé quelque trace d’intelligence chez d’autres, une once de réflexion sembable à celle des humains. Chez les chevaux, par exemple, ou perroquets. J’aurais dû devenir scientifique, si j’avais su. Quoi que je pouvais toujours faire des tours de magie avec un caniche un peu plus intelligent que les autres…
Mais je m’égare. La ville est la même, la vie est la même. Ptête que mon entourage me trouve un peu étrange, mais ca a toujours été comme ca, donc…

Sinon, mes relations familiales ne sont pas au beau fixe, et moins je vois ma famille, mieux je me porte. Je me concentre exclusivement sur mes amis, qui sont les plus importants à mes yeux. Même si j’ai coupé tous les liens qui m’attachaient à eux au cours de cette année –petits dérapages, dirons-nous- je compte bien rencontrer de nombreuses autres personnes, parce que si la solitude me va bien, je vais finir dingue si je reste en compagnie de mes animaux… Faut dire aussi que leur niveau de conversation reste limité, à mon grand dam.

Bref, j’ai un super pouvoir.