LE CARACTÈRE
Lorsque les gens parlent de moi, ils ont tendance à dire que je suis crue et désinvolte. Il y a longtemps que j'ai négligé les règles de la morale et du conformisme imposés par la société pour me faire mon propre code de tenue. Ce que je fais ne vous convient pas ? Eh bien démerdez-vous, je vis pour moi, pas pour vous. Eh puis, j'adore qu'on parle de moi, ça prouve que je suis un sujet chaud et intéressant nan ? Allez parlez encore, ça me fait plaisir... Racontez à tout le monde ma tendance à fortement m'alcooliser, mon goût prononcé pour les fêtes et les boites de nuit, la facilité avec laquelle je me déshabille devant mes beaux jeunes hommes qui me draguent. Chacun choisit sa vie, et la mienne pour l'instant s'épanouit dans la débauche et la luxure.

C'est vrai que je donne l'impression de manquer de respect... les gens n'ont d'importance uniquement si je le décide, mais quand je le fais, sachez que ces quelques personnes qui ont ma confiance ne le regrettent pas. J'ai quand même quelques notions d'amitié, comme la loyauté et tout, mais ça n'arrive pas tous les jours, et il faudra se lever tôt pour obtenir quelque chose de ce genre.

Mais au fond, qu'est-ce que j'essaye de cacher ? Je veux juste enterrer mes anciens complexes. Je suis terrorisée à l'idée qu'on remette sur le tapis toutes les vieilles moqueries sur mon poids, alors maintenant je fais en sorte qu'on ne me connaisse que pour ce à quoi je ressemble maintenant. Les gens s'en foutent de savoir qui je suis et ce que j'ai vécu, et ça me suffit.

Et le premier qui commence sérieusement à creuser un peu, à m'emmerder alors que j'ai rien fait, j'hésiterai pas à lui enfoncer mon poing dans la gueule. Je suis tout sauf sans défense, et je vous préviens maintenant que j'ai un excellent crochet du droit. Impulsive et parfois violente quand c'est nécessaire, je suis plutôt du genre à agir avant de réfléchir, et vous pouvez demander à tous ceux à qui j'ai collé un oeil au beurre noir, ils vous le confirmeront.

Mais sinon, je suis aussi quelqu'un de bonne compagnie, souvent de bonne humeur et toujours partante pour rire et pour les plans foireux. J'aime la bonne ambiance et la joie de vivre et je suis assez spontanée et sociable, malgré ma vulgarité.

L'HISTOIRE

"La rue. Les gens qui y habitent, qui y dansent, qui y grandissent, qui y jouent. Les familles qui s'entraident dans les guettos, les gens qui mendient pour un morceau de pain, les enfants qui découvrent la vie. Tout ça, c'est mon univers. J'y ai grandi, j'y ai tout appris, j'y ai perdu... trop perdu. C'est le destin des enfants qui naissent dans ces quartiers pauvres. Notre seule perspective d'avenir ? Se battre comme des fous pour au final taffer comme un chien pour un salaire de merde. Moi j'ai dit non. J'ai décidé de baiser la morale et la vie, de profiter de mon temps. Je compte pas vivre longtemps, alors autant vivre à fond."

" Tu es sérieuse Sharelle ? Des travaux d'intérêts généraux ? C'est comme ça que tu profites de ta liberté ? Celle que ton père t'a offerte en se sacrifiant je te rappelle !" "Mais putain arrête avec ça man ! Je te jure que c'était qu'un con, je roulais pas vite ! C'est lui qui plane !" "Sa version est différente ! Tu roulais à soixante-cinq devant une école !" "Mais qu'est-ce que t'en sais ? T'étais pas là !" "Tu sais quoi ? J'en ai assez de tes conneries là ! Tu veux finir en taule comme ton père ? Tu m'apportes que des emmerdes en ce moment et je commence vraiment à en avoir marre !" "Je suis victime d'injustice ! Toute façon, j'emmerde tout ce système." "Tu emmerdes le système ? Bah t'as qu'à aller l'emmerder sous un autre toit ! Dégage !"

Je m'arrêtai de parler. De respirer même. Avait-elle vraiment dit ça ? Son regard était vide, et elle avait un air meurtri. C'est vrai que je n'étais pas facile à gérer, mais de là à me mettre dehors... Je pris une profonde inspiration et me remémorait tout ce qui nous menait à cette situation instable. Ca remontait à huit ans déjà. Quand cet homme s'est introduit dans notre maison, un soir pour nous cambrioler. A l'époque on galérait moins, mes deux vieux bossaient donc on pouvait entretenir la famille sans trop de dégâts. On avait une jolie petite maison qui paraissait luxueuse à côté des voisins.

UNDERCO'