LE CARACTÈRE
« Oh Maxyn, t'es tellement adorable ! Merci de garder les enfants pour moi ! » Pas de quoi, pauvre fille. Si tu savais à quel point j'ai envie d'arracher ta tête de ton corps avec le couteau de cuisine sur ma gauche, tu ne sourirais pas autant. Mais je souris, je lui dis de partir, et je m'occupe des enfants comme prévu. En ayant de réelles idées de meurtre de passage dans ma tête. Qui pourrait vraiment croire que la jolie et douce Maxyn est une vraie psycopathe, atteinte de folie furieuse ? Personne. Et c'est bien ce qui m'arrange. En surface, je suis une simple infirmière, agréable à vivre et souriante. Le genre de fille discrète que tout le monde ne peut qu'apprécier. Je rends service, je suis toujours utile et une oreille attentive à la moindre confidence. Pas de quoi fouetter un chat non ? Mais j'arrive parfaitement bien à faire cohabiter mes deux personnalités. La bête sauvage enfouie à l'intérieur de moi n'attend que de sortir, la nuit. Un petit mensonge et hop, la chasse commence. Elle n'est régie que par le sang et le sexe, la douleur et le sadisme. Séduire est une seconde nature chez moi. Je connais les moindres ficelles, l'art de séduire les hommes, et même les femmes. Je ne tourne pas autour du pot certaines fois, et le sexe est sauvage, torride et violent. J'adore blesser mes partenaires, les morsures et griffures en tout genre. Et si cela ne me plaît pas, je les tue doucement. Les regarder se débattre, un couteau bien engoncé dans leur poitrine, et un cri strident et sifflant sortant de leur bouche, c'est tout simplement jouissif. Mais personne ne doit savoir, alors j'utilise mon pouvoir. En ressortant de la chambre, on peut observer une blonde aux courbes généreuses, une petite rousse à lunettes, une junkie aux cheveux bleus. J'adore m'inventer des identités différentes. Mentir est quelque chose de tellement simple à mes yeux, il suffit juste de ne pas s'emmêler les pinceaux. Alors, gare à vous, mes chers voisins ou collègues, inconnus dans la rue. L'anneau est tellement facile à égarer dans les bois sombres.

L'HISTOIRE
J'étais une petite fille douce et calme, qui lisait tranquillement dans son coin ou chassait les papillons. Je m'amusais à porter les habits et les chaussures de ma mère, et j'utilisais son maquillage pour me barbouiller le visage et jouer à être grande. Je ne savais pas que je serai un monstre, plus tard. Je m'imaginai avec un amoureux, mariés pour la vie, avec des enfants et un labrador. Le cliché type. Je portais des robes à fleurs, des barettes brillantes dans les cheveux. J'avais une chambre entièrement rose et blanche. Mais je crois que j'ai commencé à devenir bizarre quand je m'amusais à disséquer les animaux qui passaient près de moi. Personne n'en sut jamais rien, mais cela ne m'empêchait pas de continuer encore et encore. Je restais des heures et des heures, à contempler des cadavres puants et eviscérés. Et je cachais ça dans une caisse, sous un morceaux de parquet. Et puis je descendais, dans ma jolie robe rouge, mes cheveux bruns cascadant sous mes épaules et un sourire éclatant sur le visage. Je ne devais avoir que quelques dix petites années. Et ce n'était pas le pire.

À l'école, j'étais une fille comme les autres. Studieuse, appliquée, et toujours aussi souriante. J'avais des amis, des amoureux. Je sautillais dans les couloirs, et je dessinais des petits cœurs et des papillons, comme je l'avais toujours fait. Mais bizarrement, la plupart de mes dessins étaient entièrement faits de rouge. Les peintures d'art plastique, toujours en rouge. Je me souviens avoir léché le doigt d'un petit garçon qui saignait, après s'être coupé. Il m'avait regardé bizarrement, pendant que je suçais ce petit doigt ensanglanté. Ce goût âcre et amer, était délicieux. Puis j'avais relevé les yeux, puis je l'avais embrassé sur la joue. « C'est un bisou magique spécial Maxyn ! » Mais on me regardait toujours de deux manières différentes. J'étais soit adulée, soit crainte. J'étais la jolie fille, ou celle que l'on trouvait bizarre. Mais tant que l'attention était portée sur moi, je ne me souçiiais pas des avis des autres.

C'est à mon arrivée au lycée, que tout à changé. Que tout le monde sur lequel je m'étais basé, s'est écroulé violemment. Et tout ça à cause de lui. Nolan. Avec son regard vert et pâle, son sourire si tendre avec les gens qu'il aimait. Ses bras musclés par le football américain qui semblait si réconfortants. Et sa manie de toujours vouloir trouver du bon en chacun. Mais en moi, il n'en a jamais trouvé. Alors que je le voulais, je le voulais tellement. Tout en moi l'appelait à être mon compagnon. Comme lorsque l'on trouve son âme-soeur. Et j'ai tout fait, tout, pour l'avoir. Les petits regards, les approches discrètes, les sous-entendus, les petits mots. J'avais l'impression d'être une gamine débile, débordante d'amour pour un garçon. Mais c'était plus que ça, c'était une attraction interminable, violente, passionnée. Un ouragan qui dévastait mon coeur, ma tête. Qui me détraquait de plus en plus. Parce que je le voulais vraiment. J'aurai tué n'importe qui. Pour ne l'avoir rien que pour moi. « Je pourrais faire n'importe quoi, pour être avec toi, Nolan. Je pourrais être n'importe qui. Rien que pour avoir de la valeur à tes yeux. » Je me sentais si faible, si démunie en sa présence. Parce que j'en crevais de le vouloir, je devais complètement folle. C'était un besoin vital et violent. Une drogue à laquelle on ne peut réchapper. Mais il ne voulait pas, il me fuyait en permanence. Il refusait tout ce que je lui proposais. Et moi, je finissais par tuer. N'importe qui, n'importe quoi. Une élève qui s'était approchée trop près de lui, a fini en morceaux dans sa propre poubelle, dans une mare de sang. Mais cela ne me calmait pas. Et j'ai continué mon manège, lui disant clairement ce que je voulais. Mais il partait, un sourire sur le visage, mystérieux. Mais il ne m'a jamais acceptée. Et lorsque nos études se sont terminées, je suis partie. Loin de ma famille, loin de lui. Loin des meurtres que j'avais commis. Je devais être discrète et changer de ville. Je suis partie en Angleterre. J'ai fait des études d'infirmière, va savoir pourquoi. Je me suis fait de nouveaux amis. J'ai envoyé des nouvelles régulières à mes parents, lui racontant la banale vie de leur petite fille chérie.

Et puis un soir, alors que je rentrais chez moi, après une journée remplie à l'hôpital, il s'est mis à pleuvoir. Quelques gouttes à peine, et puis, un torrent d'eau s'est abattu sur ma tête. Et je n'avais même pas de parapluie. Quelle merde. Le tonnerre à éclaté et j'ai levé les yeux, pile à ce moment précis. J'ai vu l'éclair, arriver comme dans un film catastrophe. Au ralenti, les yeux embués par les gouttes de pluie. Puis il m'a atteinte et je me suis effondrée. Le lendemain, j'étais toujours sur le trottoir, trempée. Je me suis levée et je suis rentrée mécaniquement chez moi, me demandant encore comment je pouvais être en vie, après ça. Mais un jour, alors que j'étais poursuivie par junkies complètement défoncés, mon don s'est manifesté. J'ai prié pour me fondre dans le paysage, histoire qu'ils ne me voient pas. J'étais entourée de témoins, je n'aurai pas pu les exterminer avec tout ce monde autour. Je suis entrée dans cette rue, j'ai ressenti une secousse et une douleur dans mes os. En sortant, j'ai examiné la route et ils n'étaient plus là. En passant devant une vitrine, j'ai jeté un coup d'oeil à mon reflet. « Ahhhhh, mais c'est quoi ce bordel, putain !? » J'avais changé d'apparence. Merde. Et je ne savais même pas comment retrouver la mienne ! Mais en rentrant chez moi, j'y ai pensé plus en profondeur. Et tout était parfait. J'ai continué mes petits meurtres en secret, dans la nuit, à des endroits différents. Discrètement. Sous l'apparence d'un autre, d'une fille, d'une garçon. D'un vieil homme. D'une mère de famille. Mais récémment, j'ai entendu l'arrivé d'un nouveau reporter au Daily News magazine. Un certain Nolan quelque chose. J'ai tout de suite fait des recherches, et tendu l'oreille aux potins. Le seul et unique amour de ma vie revenait près de moi, sans le savoir. Mais je n'allais pas le laisser gagner. C'est à ce moment là que j'ai fait la rencontre de Blake. Le prototype même de l'homme séduisant et ténébreux. Un regard océan, des cheveux de jais. Un sourire et un corps à damner un saint. Et le gérant d'un bar célèbre dans la ville, qui cachait des magouilles de drogue et de gangs. Nous nous sommes trouvés tout de suite, alors que je passais dans la boîte, me distrayant au moyen d'alcool et de garçons tout à fait disposés à me séduire. Et il m'a repéré. Nous avons fini la soirée à coucher ensemble comme des fous. Et le lendemain, une alliance était conclue. Il jouait mon petit-ami pour une durée indéterminée, sans sentiments. C'était la règle numéro une. Je voulais rendre Nolan fou de jalousie, lui montrer qu'il n'avait plus aucune importance pour moi. Et les bras et la douceur occasionnelle de Blake étaient ce qu'il me fallait. J'allais enfin pouvoir m'amuser.